Minh Pham (à l’extrémité gauche), responsable de la communication de l’OMS, prenant des photos sur le site de vaccination contre la COVID-19 dans la commune de Nan ma, district de Xin Man, Ha Giang, en décembre 2021.
Minh Pham (à l’extrémité gauche), responsable de la communication de l’OMS, prenant des photos sur le site de vaccination contre la COVID-19 dans la commune de Nan ma, district de Xin Man, Ha Giang, en décembre 2021.

Atteindre les exclus au Viet Nam et en Zambie pour sensibiliser à la COVID-19

Alors que la pandémie de COVID-19 continue de faire rage dans les pays du monde entier, causant des pertes humaines, certaines communautés - en particulier les exclus - croient encore aux mythes et aux idées fausses sur le Coronavirus comme étant une grippe traditionnelle. Pour sensibiliser au virus mortel et à l’importance de se faire vacciner, deux Volontaires des Nations Unies nationaux au Viet Nam et en Zambie poursuivent leur action auprès des groupes les plus vulnérables : les réfugiés dans les zones les plus reculées de leurs régions.

Avec une formation professionnelle en marketing et en médias, et une thèse sur la communication dans le domaine de la santé, Minh Pham, un Volontaire des Nations Unies national, est chargé de communication junior auprès de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) au Viet Nam. Au moment où la quatrième vague de la pandémie de COVID-19 a frappé le pays, la population avait besoin de beaucoup d’informations sur de nombreux sujets. Minh a été envoyé dans les zones les plus pauvres du pays pour documenter les efforts de vaccination des travailleurs médicaux de première ligne. 

Les gens, bien que vivant dans des conditions difficiles, étaient très accessibles. 

Nous avons rencontré les médecins et les infirmières du centre de santé communautaire qui se rendaient au travail sur leurs scooters déglingués, sur les routes étroites et sinueuses de la colline, transportant chaque jour les vaccins de la chambre froide aux sites de vaccination. -- Minh Pham, Volontaire des Nations Unies national, spécialiste auprès de l’OMS, Viet Nam.

La population locale - l’ethnie minoritaire Dao - se rendait généralement à pied aux sites de vaccination pour recevoir son vaccin contre la COVID-19 avant de commencer son travail agricole. Comme tous les Dao ne parlent pas couramment le vietnamien, c’est l’ancien du village qui plaide en faveur de la vaccination. L’un d’eux est M. Pao, un responsable de la communication du gouvernement provincial, et un Dao local.

Chaque jour, il installe un haut-parleur de 15 kilos sur son scooter, fait le tour du village et diffuse un message en faveur de la vaccination pour tous en vietnamien et en Dao. Les messagers comme M. Pao, bien que hors du commun, ont insisté sur le fait qu’ils ne faisaient que leur travail de sensibilisation. 

Comme M. Pao, je suis aussi un agent de communication chargé de sensibiliser les gens à la vaccination, et j’ai donc eu le sentiment que lui et moi nous comprenions. Cependant, nos similitudes s’arrêtent là ! Pendant que je postais un message sur les médias sociaux sur mon MacBook, M. Pao roulait sur son scooter pour essayer de faire passer le message de la vaccination aux villageois. --Minh Pham

Cette expérience a fait prendre conscience à Minh que le travail ne se résume pas à gagner un salaire élevé et à gravir les échelons d’une entreprise. La pandémie a mis en évidence des inégalités massives et a ainsi contraint un nombre incalculable de personnes à vivre sous le seuil de pauvreté. Les plus démunis et les plus vulnérables ont été les plus durement touchés. La classe moyenne s’est réduite. La classe supérieure a réussi à survivre relativement intacte.

Minh Pham (far left in blue gilet) and other WHO officers with local health personnel observing a COVID-19 vaccination site in Nan Ma commune, Xin Man district – Ha Giang province. December 2021. ©️WHO Viet Nam
Minh Pham (tout à gauche en gilet bleu) et d’autres agents de l’OMS avec le personnel de santé local observant un site de vaccination contre la COVID-19 dans la commune de Nan Ma, district de Xin Man - province de Ha Giang. Décembre 2021. ©️OMS, Viet Nam

Travailler pour l’Organisation mondiale de la santé pendant l’un des événements les plus remarquables de notre époque a été une expérience marquante ! Non seulement j’ai eu un aperçu du travail et de la vie d’un fonctionnaire international, mais je me suis également senti beaucoup plus proche de la communauté et des gens qui m’entourent. --Minh Pham

Travailler au sein du système des Nations Unies était très différent de l’expérience antérieure de Minh dans le domaine du marketing et de la vente. Au cours de sa mission de Volontaire des Nations Unies, il a compris qu’il ne s’agissait pas d’un chiffre sur une feuille de calcul, ou de clients potentiels pour atteindre une cible marketing donnée. Il s’agissait de personnes réelles - avec des vies et des ambitions !

Ce sont mes concitoyens vietnamiens, mes compatriotes, même si nos mondes sont aux antipodes les uns des autres ! Cette crise sanitaire a amplifié leurs difficultés. Elle a mis l’accent sur l’idée que la santé est véritablement la pierre angulaire de la société. Sans citoyens en bonne santé, il n’y a pas de progrès économique, ni de développement social. Si la société ne peut pas prendre soin de ses membres les plus vulnérables, elle ne peut pas se transcender davantage. --Minh Pham

Pendant que Minh essayait d’atteindre les régions reculées du Viet Nam pour sensibiliser à la vaccination contre la COVID-19, à quelques milliers de kilomètres de là, Wycliffe Matende, Volontaire national des Nations Unies, spécialiste de la santé publique et de la nutrition auprès de l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), travaillait dur pour déconstruire les mythes et les idées fausses sur la vaccination parmi les réfugiés en Zambie.

On dit que voir c’est croire, mais cette phrase ne peut pas fonctionner dans certaines communautés de Zambie. --Wycliffe Matende, Volontaire national des Nations Unies, collaborateur en santé publique et nutrition au HCR, Zambie

Wycliffe Matende, Public Health & Nutrition Associate receiving Covid19 vaccination, to protect himself and others.
Wycliffe Matende, Volontaire national des Nations Unies, collaborateur en santé publique et nutrition, recevant la vaccination contre la COVID-19 pour se protéger et protéger les autres. ©HCR Zambie, 2022  

Les responsabilités de Wycliffe comprennent la planification et le soutien des activités de santé et la garantie que de meilleurs services de santé et de nutrition atteignent les réfugiés et les personnes relevant de la compétence du HCR, notamment les femmes et les enfants.

Au cours de ma mission de Volontaire des Nations Unies, j’ai appris à quel point le volontariat est important pour amener les autres à agir. D’aucuns peuvent rester inflexibles et risquer leur vie s’il n’y a personne pour les influencer positivement. Les volontaires sont là pour guider les autres, pour hisser le drapeau de la vérité et pour sauver des vies même au milieu de la confusion. --Wycliffe Matende

La COVID-19 est arrivée chez nous accompagnée de beaucoup de mythes et d’idées fausses, et les communautés vulnérables, notamment les réfugiés, sont tombés dans son giron. Les réseaux sociaux ont exacerbé la confusion concernant les faits. Il y a eu beaucoup de mauvaise communication et de médiatisation négative. Le gouvernement et les différentes parties prenantes ont mis en place des mesures de prévention sanitaire afin de garantir la protection de la population contre le virus. En outre, la communication sur les risques et l’engagement communautaire ont joué un rôle essentiel pour enrayer la transmission du virus au sein de la communauté.

La Zambie connaît une quatrième vague de COVID-19 et un grand nombre de décès consécutifs depuis mars 2022. Malgré cela, les gens continuent à entretenir des mythes sur le virus et le font passer pour la grippe traditionnelle. Par conséquent, les « cinq règles d’or » sont peu respectées - notamment le port du masque, la distanciation sociale, le lavage fréquent des mains, l’évitement des lieux bondés et la consultation d’un médecin dès l’apparition des symptômes.

Au milieu de ces informations erronées sur la pandémie, j’ai élaboré, en tant que VNU, une stratégie visant à sensibiliser la communauté à l’importance de respecter les mesures de santé publique, de se soumettre à un test de dépistage de la COVID-19 et de se faire vacciner contre le virus. Avec l’aide d’agents de santé communautaires et de volontaires dévoués, nous avons mené des campagnes de sensibilisation de porte à porte dans le camp de réfugiés de Mayukwayukwa et distribué plus de 35 000 masques et autres matériels d’hygiène pendant le confinement. --Wycliffe Matende

Wycliffe et son équipe ont également effectué des contrôles de conformité dans les lieux de culte, les écoles et les lieux de travail. Cette stratégie a été reproduite dans deux autres zones d’installation de réfugiés en Zambie. Un changement positif a été constaté par la suite. L’utilisation de masques faciaux et des tests de COVID-19 ont augmenté. Le ministère de la Santé a désigné les établissements de santé de la zone d’installation comme sites de vaccination contre la COVID-19 et a fourni des kits de diagnostic rapide et des vaccins. 

En tant que Volontaire des Nations Unies, je pense que j’étais responsable de la sécurité des membres de la communauté et que je devais gagner leur confiance. Et c’est pourquoi je devais prendre l’initiative de me faire tester et vacciner. Je me suis senti comme un véritable volontaire à ce moment-là ! Être capable d’influencer les gens et de les aider en même temps. --Wycliffe Matende

Certains membres de la communauté avaient des doutes sur le vaccin. Ils croyaient que le vaccin tuaient les gens. Ils ont attendu que les gens soient vaccinés pour voir la réaction. Petit à petit, leurs impressions ont commencé à changer. Environ 8 000 réfugiés en Zambie ont été testés pour la COVID-19, et environ 6 000 ont été vaccinés par AstraZeneca, Johnson & Johnson, Moderna, Pfizer et Sinopharm.